Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/106

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répandue sur eux si prompte, inattendue et profonde, qu’ils en furent stupéfaits comme d’un événement effrayant. L’ivrogne, blotti contre le mur, ne remuait plus ; et le prêtre restait sur sa chaise, plongé dans ces ténèbres, qui noyaient sa colère. Ce voile sombre jeté sur lui, arrêtant son emportement, immobilisa aussi l’élan furieux de son âme ; et d’autres idées lui vinrent, noires et tristes comme. l’obscurité.

Le silence se fit, un silence épais de tombe fermée, où rien ne semblait plus vivre et respirer. Rien non plus ne venait du dehors, pas un roulement de voiture au loin, pas un aboiement de chien, pas même un glissement dans les branches ou sur les murs, d’un léger souffle de vent.

Cela dura longtemps, très longtemps, peut-être une heure. Puis, soudain, le gong tinta ! Il tinta frappé d’un seul coup dur, sec et fort, que suivit un grand bruit bizarre de chute et de chaise renversée.

Marguerite, aux aguets, accourut ; mais dès qu’elle eut ouvert la porte, elle recula épouvantée devant l’ombre impénétrable. Puis tremblante, le cœur précipité, la voix haletante et basse, elle appela :