Page:Maupassant - L’Inutile Beauté, OC, Conard, 1908.djvu/206

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de la portière, hissèrent lentement un gros corps, dont les pieds firent sur le marchepied un bruit de canne frappant le sol.

Or, quand l’homme eut fait entrer son torse dans le compartiment, je vis apparaître, dans l’étoffe flasque du pantalon, le bout peint en noir d’une jambe de bois, qu’un autre pilon pareil suivit bientôt.

Une tête se montra derrière ce voyageur et demanda :

— Vous êtes bien, monsieur ?

— Oui, mon garçon.

— Alors, voilà vos paquets et vos béquilles.

Et un domestique, qui avait l’air d’un vieux soldat, monta à son tour, portant en ses bras un tas de choses, enveloppées en des papiers noirs et jaunes, ficelées soigneusement, et les déposa, l’une après l’autre, dans le filet au-dessus de la tête de son maître. Puis il dit :

— Voilà, monsieur, c’est tout. Il y en a cinq : les bonbons, la poupée, le tambour, le fusil et le pâté de foies gras.

— C’est bien, mon garçon.

— Bon voyage, monsieur.

— Merci, Laurent ; bonne santé !

L’homme s’en alla en repoussant la porte, et je regardai mon voisin.