Page:Maupassant - La Lysistrata moderne, paru dans Le Gaulois, 30 décembre 1880.djvu/15

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Je ne sais quels cris d’animaux imiter, quelles contorsions de singe, quelle gymnastique de fou exécuter, pour exprimer l’inénarrable joie, la prodigieuse envie de rire qui m’a tordu pendant deux heures, en songeant à cette adorable idée d’un conseil de citoyens trépassés !

Hein ? La tâtons-nous là dans toute son incapacité, dans toute sa bêtise originelle et triomphante, dans toute sa grandiose niaiserie l’intelligence des citoyennes libre-penseuses.

Est-ce beau ? Surprenant ? Stupéfiant ? Plus on y pense, moins on s’en lasse ! Plus on creuse, plus on réfléchit, plus on imagine les conséquences, plus on demeure abasourdi et délirant de gaieté !

Voilà ! Oh ! oui votez. — Oh ! oui, nommez-nous des représentants. — Oh oui ! soyez indépendantes, citoyennes, — car nous rirons, nous rirons, nous rirons — en dussions-nous mourir ; ce qui serait, du reste, la seule vengeance dont vous puissiez vous enorgueillir.