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MADAME HERMET.

par terre, et prié, prié, prié Celui qui tue ainsi les êtres et ne leur donne la jeunesse que pour leur rendre plus dure la vieillesse, et ne leur prête la beauté que pour la reprendre aussitôt ; l’a-t-elle prié, supplié de faire pour elle ce que jamais il n’a fait pour personne, de lui laisser, jusqu’à son dernier jour, le charme, la fraîcheur et la grâce ? Puis comprenant qu’elle implore en vain l’inflexible Inconnu qui pousse les ans, l’un après l’autre, s’est-elle roulée, en se tordant les bras, sur les tapis de sa chambre, a-t-elle heurté son front aux meubles en retenant dans sa gorge des cris affreux de désespoir ?

Sans doute elle a subi ces tortures. Car voici ce qui arriva :


Un jour (elle avait alors trente-cinq ans), son fils, âgé de quinze, tomba malade.

Il prit le lit sans qu’on pût encore déterminer d’où provenait sa souffrance et quelle en était la nature.

Un abbé, son précepteur, veillait près de lui et ne le quittait guère, tandis que Mme  Hermet, matin et soir, venait prendre de ses nouvelles.

Elle entrait, le matin, en peignoir de nuit.