Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Alors Antoine rejoignit sa mère et la retenant en arrière :

— Eh ben, ma mé, quéque t’en dis ?

— Mon pauv’e gars, vrai, alle est trop noire. Seulement un p’tieu moins je ne m’opposerais pas, mais c’est trop. On dirait Satan !

Il n’insista point, sachant que la vieille s’obstinait toujours, mais il sentait en son cœur entrer un orage de chagrin. Il cherchait ce qu’il fallait faire, ce qu’il pourrait inventer, surpris d’ailleurs qu’elle ne les eût pas conquis déjà comme elle l’avait séduit lui-même. Et ils allaient tous les quatre à pas lents à travers les blés, redevenus peu à peu silencieux. Quand on longeait une clôture, les fermiers apparaissaient à la barrière, les gamins grimpaient sur les talus, tout le monde se précipitait au chemin pour voir passer la