Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/69

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de grand bédouin dont la couleur des membres nus se confondait avec celle des haillons, un type de brute barbare aux pommettes saillantes, au nez crochu, au menton fuyant, aux jambes sèches, une haute carcasse en guenilles avec des yeux faux de chacal.

Je ne doutais point – oui – elle avait fui avec ce gueux. Pourquoi ? Parce qu’elle était Allouma, une fille du sable. Une autre, à Paris, fille du trottoir aurait fui avec mon cocher ou avec un rôdeur de barrière.

— C’est bon, dis-je à Mohammed. Si elle est partie, tant pis pour elle. J’ai des lettres à écrire. Laisse-moi seul.

Il s’en alla, surpris de mon calme. Moi, je me levai, j’ouvris ma fenêtre et je me mis à respirer par grands souffles qui m’entraient au fond de la poitrine, l’air