Page:Maupassant - La Maison Tellier, OC, Conard, 1908.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
LES CONSEILS D’UNE GRAND’MÈRE.

— Il y a beaucoup de politique, grand’mère, faut-il passer ?

— Oui, oui, mignonne. N’y a-t-il pas d’histoires d’amour ? La galanterie est donc morte, en France, qu’on ne parle plus d’enlèvements, ni de combats pour les dames, ni d’aventures comme autrefois !

La jeune fille chercha longtemps.

— Voilà, dit-elle, c’est intitulé : « Drame d’amour. »

La vieille femme sourit dans ses rides.

— Lis-moi cela, dit-elle.

Et Berthe commença.

C’était une histoire de vitriol. Une dame, pour se venger de la maîtresse de son mari, lui avait brûlé les deux yeux. Elle était sortie des assises acquittée, innocentée, félicitée, aux applaudissements de la foule.

L’aïeule s’agitait sur son siège et répétait :

— C’est affreux, mais c’est affreux, cela ! Trouve-moi donc autre chose, mignonne.

Berthe chercha, et plus loin toujours aux tribunaux, se mit à lire : « Sombre drame. » Une jeune fille de vertu trop mûre s’était laissée choir tout à coup entre les bras d’un jeune homme, et, pour se venger de son amant dont le cœur était volage et la rente insuffisante, lui avait tiré à bout portant quatre coups de revolver.