Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/180

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commandé, obéissant à tout sans résistance et sans réflexion. Et il mangea.

Le docteur, se servant lui-même, puisa trois fois dans le plat, tandis que Mme  Caravan, de temps en temps, piquait un gros morceau au bout de sa fourchette et l’avalait avec une sorte d’inattention étudiée.

Quand parut un saladier plein de macaroni, le docteur murmura : — « Bigre ! voilà une bonne chose. » Et Mme  Caravan, cette fois, servit tout le monde. Elle remplit même les soucoupes où barbotaient les enfants, qui, laissés libres, buvaient du vin pur et s’attaquaient déjà, sous la table, à coups de pied.

M. Chenet rappela l’amour de Rossini pour ce mets italien ; puis tout à coup : — « Tiens ! mais ça rime ; on pourrait commencer une pièce de vers. »

Le maëstro Rossini
Aimait le macaroni…

On ne l’écoutait point. Mme  Caravan, devenue soudain réfléchie, songeait à toutes les conséquences probables de l’événement ; tandis que son mari roulait des boulettes de