Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/188

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sentir pénétrer jusqu’à l’extrémité de ses membres une fraîcheur, un calme, une consolation surhumaine.

Il résistait toutefois à ce bien-être envahissant, se répétait : — « Ma mère, ma pauvre mère », s’excitant à pleurer par une sorte de conscience d’honnête homme ; mais il ne le pouvait plus ; et aucune tristesse même ne l’étreignait aux pensées qui, tout à l’heure encore, l’avaient fait si fort sangloter.

Alors il se leva pour rentrer, revenant à petits pas, enveloppé dans la calme indifférence de la nature sereine et le cœur apaisé malgré lui.

Quand il atteignit le pont, il aperçut le fanal du dernier tramway prêt à partir et, par derrière, les fenêtres éclairées du café du Globe.

Alors un besoin lui vint de raconter la catastrophe à quelqu’un, d’exciter la commisération, de se rendre intéressant. Il prit une physionomie lamentable, poussa la porte de l’établissement et s’avança vers le comp-