Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/251

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« Oh ! vous avez l’air solides, » dit le mari qui ne parlait plus du temps où il rossait les Anglais.

La jeune fille les examinait de côté maintenant ; et le garçon aux cheveux jaunes, ayant bu de travers, toussa éperdument, arrosant la robe en soie cerise de la patronne qui se fâcha et fit apporter de l’eau pour laver les taches.

Cependant, la température devenait terrible. Le fleuve étincelant semblait un foyer de chaleur, et les fumées du vin troublaient les têtes.

M. Dufour, que secouait un hoquet violent, avait déboutonné son gilet et le haut de son pantalon : tandis que sa femme, prise de suffocations, dégrafait sa robe peu à peu. L’apprenti balançait d’un air gai sa tignasse de lin et se versait à boire coup sur coup. La grand-mère, se sentant grise, se tenait fort raide et fort digne. Quant à la jeune fille, elle ne laissait rien paraître, son œil seul s’allumait vaguement, et sa peau très brune se colorait aux joues d’une teinte plus rose.

Le café les acheva. On parla de chanter et