Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/61

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tête à travers la campagne, sous le ciel brûlant, au milieu des récoltes mûrissantes, au train enragé du petit cheval qui s’emballait maintenant à tous les retours du refrain, et piquait chaque fois ses cent mètres de galop, à la grande joie des voyageurs.

De place en place, quelque casseur de cailloux se redressait, et regardait à travers son loup de fil de fer cette carriole enragée et hurlante emportée dans la poussière.

Quand on descendit devant la gare, le menuisier s’attendrit : — « C’est dommage que vous partiez, on aurait bien rigolé. »

Madame lui répondit censément : — « Toute chose a son temps, on ne peut pas s’amuser toujours. » — Alors une idée illumina l’esprit de Rivet : — « Tiens, dit-il, j’irai vous voir à Fécamp le mois prochain. » — Et il regarda Rosa d’un air rusé, avec un œil brillant et polisson. — « Allons, conclut Madame, il faut être sage ; tu viendras si tu veux, mais tu ne feras point de bêtises. »