Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/86

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canapé, et elle me parla de nouveau de sa solitude.

Elle sonna sa bonne, afin de m’offrir quelque chose à boire. La bonne ne vint pas. J’en fus ravi en supposant que cette bonne-là ne devait être que du matin : ce qu’on appelle une femme de ménage.

Elle avait ôté son chapeau. Elle était vraiment gentille avec ses yeux clairs fixés sur moi, si bien fixés, si clairs que j’eus une tentation terrible et j’y cédai. Je la saisis dans mes bras, et sur ses paupières qui se fermèrent soudain, je mis des baisers… des baisers… des baisers… tant et plus.

Elle se débattait en me repoussant et répétant : « Finissez… finissez… finissez donc. »

Quel sens donnait-elle à ce mot ? En des cas pareils, « finir » peut en avoir au moins deux. Pour la faire taire je passai des yeux à la bouche, et je donnai au mot « finir » la conclusion que je préférais. Elle ne résista pas trop, et quand nous nous regardâmes de nouveau, après cet outrage à la mémoire du capitaine tué au Tonkin, elle avait un air