Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi un collier de volcans. Ils sont trois cent cinquante environ, ces noirs enfants de l’aïeul, et beaucoup d’entre eux atteignent la taille du Vésuve.

Maintenant, nous traversons un maigre bois poussé toujours dans la lave, et soudain le vent s’élève. C’est d’abord un souffle brusque et violent qui suit un moment de calme, puis une rafale furieuse, à peine interrompue, qui soulève et emporte un flot épais de poussière.

Nous nous arrêtons derrière une muraille de lave pour attendre, et nous demeurons là jusqu’à la nuit. Il faut enfin repartir, bien que la tempête continue.

Et, peu à peu, le froid nous prend, ce froid pénétrant des montagnes, qui gèle le sang et paralyse les membres. Il semble caché, embusqué dans le vent ; il pique les yeux et mord la peau de sa morsure glacée. Nous allons, enveloppés dans nos couvertures, tout blancs comme des Arabes, des gants aux mains, la tête encapuchonnée, laissant marcher nos mulets qui se suivent et trébuchent dans le sentier raboteux et obscur.

Voici enfin la Casa del Bosco, sorte de hutte habitée par cinq ou six bûcherons. Le guide déclare qu’il est impossible d’aller plus loin par