Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/118

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cinq kilomètres de circonférence. On distingue à peine, à travers les vapeurs suffocantes, l’autre bord de ce trou monstrueux, large de 1,500 mètres, et dont la muraille toute droite s’enfonce vers le mystérieux et terrible pays de feu.

La bête est calme. Elle dort au fond, tout au fond. Seule la lourde fumée s’échappe de la prodigieuse cheminée, haute de 3,312 mètres.

Autour de nous c’est plus étrange encore. Toute la Sicile est cachée par des brumes qui s’arrêtent au bord des côtes, voilant seulement la terre, de sorte que nous sommes en plein ciel, au milieu des mers, au-dessus des nuages, si haut, si haut, que la Méditerranée, s’étendant partout à perte de vue, a l’air d’être encore du ciel bleu. L’azur nous enveloppe donc de tous les côtés. Nous sommes debout sur un mont surprenant, sorti des nuages et noyé dans le ciel, qui s’étend sur nos têtes, sous nos pieds, partout.

Mais, peu à peu, les nuées répandues sur l’île s’élèvent autour de nous, enfermant bientôt l’immense volcan au milieu d’un cercle de nuages, d’un gouffre de nuages. Nous sommes maintenant, à notre tour, au fond d’un cratère tout blanc, d’où l’on n’aperçoit plus que le firmament bleu, là-haut, en regardant en l’air.