Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/207

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Ils lui objectèrent qu’il n’y avait ni eau pour boire, ni bois, ni pierres pour construire.

Sidi-Okba leur imposa silence par ces mots : « Dieu y pourvoira. »

Le lendemain, on vint lui annoncer qu’une levrette avait trouvé de l’eau. On creusa donc à cet endroit, et on découvrit à seize mètres sous le sol, la source qui alimente le grand puits coiffé d’une coupole où un chameau tourne le long du jour, la manivelle élévatoire.

Le lendemain encore, des Arabes, envoyés à la découverte, annoncèrent à Sidi-Okba qu’ils avaient aperçu des forêts sur les pentes de montagnes voisines.

Et le jour suivant, enfin, des cavaliers, partis le matin, rentrèrent au galop, en criant qu’ils venaient de rencontrer des pierres, une armée de pierres en marche, envoyées par Dieu sans aucun doute.

Kairouan, malgré ce miracle, est construite presque entièrement en briques.

Mais voilà que la plaine est devenue un marais de boue jaune où les chevaux glissent, tirent sans avancer, s’épuisent et s’abattent. Ils enfoncent dans cette vase gluante jusqu’aux genoux. Les roues y entrent jusqu’aux moyeux. Le ciel s’est