Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/227

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c’est assurément celle des Aïssaoua qui attire le plus violemment la curiosité des étrangers.

On sait les pratiques épouvantables de ces jongleurs hystériques qui, après s’être entraînés à l’extase en formant une sorte de chaîne magnétique et en récitant leurs prières, mangent les feuilles épineuses des cactus, des clous, du verre pilé, des scorpions, des serpents. Souvent ces fous dévorent avec des convulsions affreuses un mouton vivant, laine, peau, chair sanglante et ne laissent à terre que quelques os. Ils s’enfoncent des pointes de fer dans les joues ou dans le ventre ; et on trouve après leur mort, quand on fait leur autopsie, des objets de toute nature entrés dans les parois de l’estomac.

Eh bien ! on rencontre dans les textes des Aïssaoua les plus poétiques prières et les plus poétiques enseignements de toutes les confréries islamiques.

Je cite d’après M. le commandant Rinn quelques phrases seulement :

« Le prophète dit un jour à Abou-Dirr-el-R’ifari : « Ô Abou-Dirr ! le rire des pauvres est une adoration ; leurs jeux, la proclamation de la louange de Dieu ; leur sommeil, l’aumône. "

Le cheik a encore dit :