Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/45

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Cette fureur de l’air ne dura guère que trois quarts d’heure ; et tout à coup, lorsque la Méditerranée eut repris sa belle teinte bleue, il me sembla, tant l’atmosphère devint douce subitement, que l’humeur du ciel s’apaisait. C’était une colère tombée, la fin d’une matinée revêche ; et le rire joyeux du soleil se répandit largement dans l’espace.

Nous approchions du cap où j’aperçus, à l’extrémité, au pied de la côte escarpée, dans une trouée apparue sans accès, une église et trois maisons. Qui demeure là, bon Dieu ? que peuvent faire ces gens ? Comment communiquent-ils avec les autres vivants sinon par un des deux petits canots tirés sur leur plage étroite.

Voici la pointe doublée. La côte continue jusqu’à Porto-Venere, à l’entrée du golfe de la Spezzia. Toute cette partie du rivage italien est incomparablement séduisante.

Dans une baie large et profonde ouverte devant nous, on entrevoit Santa-Margherita, puis Rapallo, Chiavari. Plus loin Sestri Levante.

Le yacht ayant viré de bord glissait à deux encablures des rochers, et voilà qu’au bout de ce cap, que nous finissions à peine de contourner, on découvre soudain une gorge où entre la mer,