Page:Maupassant - Le Duel, paru dans Gil Blas, 8 décembre 1881.djvu/11

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tiens pour des exercices plus pratiques : la savate et la natation. Et comme il reste toujours en nous du sauvage, du vieil esprit féroce de nos pères, un besoin de lutte, de force déployée et d’ivresse du corps aux heures de danger, je ne connais point de joie plus véhémente que de se battre avec la vague qui roule, hurle, vous étreint, vous rejette et vous reprend. Et je ne sais point de triomphe plus délicieux qu’après avoir bravé cette bête furieuse à la crinière d’écume, la mer.

Et si vous avez du courage à revendre, il y a par les rues assez de chevaux emportés, de chiens enragés, de malfaiteurs embusqués, d’incendies où meurent des femmes et des enfants ; assez de gens tombent dans la Seine, pour vous donner des occasions fréquentes d’exercer votre bravoure.

Un duel en sauvetage en vaudrait bien un autre ; mais on s’y risquerait un peu plus.

MAUFRIGNEUSE.