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CORRESPONDANCE

potin est un signe de race des petites gens et des petits esprits. Il est aussi la consolation des femmes qui ne sont plus aimées ni courtisées. Il me suffit de regarder celles qu’on désigne comme les plus cancanières pour être persuadée que vous ne vous trompez pas.

L’autre jour j’assistai à une soirée musicale au Casino, donnée par une remarquable artiste, Mme  Masson, qui chante vraiment à ravir. J’eus l’occasion d’applaudir encore l’admirable Coquelin, ainsi que deux charmants pensionnaires du Vaudeville, M… et Meilet. Je pus, en cette circonstance, voir tous les baigneurs réunis cette année sur cette plage. Il n’en est pas beaucoup de marque.

Le lendemain, j’allai déjeuner à Yport. J’aperçus un homme barbu qui sortait d’une grande maison en forme de citadelle. C’était le peintre Jean-Paul Laurens. Il ne lui suffit pas, paraît-il, d’emmurer ses personnages, il tient à s’emmurer lui-même.

Puis je me trouvai assise sur le galet à côté d’un homme encore jeune, d’aspect doux et fin, d’allure calme, qui lisait des vers. Mais il les