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L’ORPHELIN

Deux fois encore elle retourna s’entendre avec ses parentes, bien résolue maintenant à ne plus rester ainsi dans sa demeure isolée. Elle découvrit enfin dans le faubourg un petit pavillon qui lui convenait et elle l’acheta en secret.

La signature du contrat eut lieu un mardi matin, et Mlle  Source occupa le reste de la journée à faire ses préparatifs de déménagement.

Elle reprit, à huit heures du soir, la diligence qui passait à un kilomètre de sa maison ; et elle se fit arrêter à l’endroit où le conducteur avait l’habitude de la déposer. L’homme lui cria en fouettant ses chevaux :

— Bonsoir, mademoiselle Source, bonne nuit !

Elle répondit en s’éloignant :

— Bonsoir, père Joseph.

Le lendemain, à sept heures trente du matin, le facteur qui porte les lettres au village remarqua sur le chemin de traverse, non loin de la grand’route, une grande flaque de sang encore frais. Il se dit : « Tiens ! quelque pochard qui aura saigné du nez. » Mais il aperçut dix pas plus loin un mouchoir de poche aussi taché de sang. Il le ramassa. Le linge était fin, et le piéton surpris