Page:Maupassant - Le Préjugé du déshonneur, paru dans Le Gaulois, 26 mai 1881.djvu/13

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Je ferai pourtant un reproche à la situation tracée par Huysmans. Le mari me semble trop calme en découvrant subitement son… malheur. Il faudrait qu’il eût au moins un mot, et voilà la solution que j’opposerai à celle de l’assassinat.

L’homme qui frappe est une brute. Assommer ne prouve rien. Mais l’homme qui, dans un moment pareil, aurait la force, le sang-froid et l’esprit nécessaires pour trouver un mot, un mot sanglant ou drôle, un mot célèbre le lendemain, affirmerait ainsi une vraie et indiscutable supériorité sur ses semblables, et se vengerait d’une façon plus certaine et plus terrible qu’avec le poignard ou le pistolet.

Il en existe très peu, de ces mots-là.

Deux ou trois me reviennent en mémoire, et je les déclare admirables, en admettant qu’ils soient authentiques.