Page:Maupassant - Le Préjugé du déshonneur, paru dans Le Gaulois, 26 mai 1881.djvu/5

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Mais ce cas est une exception, rentrons dans la généralité.

Ce que je vais dire paraîtra sans doute déplorablement subversif : tant pis ; je ne cherche que la vérité, sans m’occuper de la morale enseignée, orthodoxe et officielle, de la morale, cette loi indéfiniment variable, facultative, cette chose dosée différemment pour chaque pays, appréciée d’une façon nouvelle par chaque expert et sans cesse modifiée. La seule loi qui m’importe est la loi éternelle de l’humanité, cette grande loi qui gouverne les baisers humains, et qui sert de thème aux faiseurs de bouffonneries.

Nous vivons dans une société affreusement bourgeoise, timorée et moraliste (ne pas confondre avec morale). Jamais, je crois, on n’a eu l’esprit plus étroit et moins humain.