Page:Maupassant - Le Préjugé du déshonneur, paru dans Le Gaulois, 26 mai 1881.djvu/6

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La faiblesse (disons « faute », si vous voulez) d’une femme mariée, entraînée à mal par un séducteur, a pris des proportions si mélodramatiques, qu’on la considère généralement comme digne de mort.

Des hommes comme M. Dumas fils raisonnent pendant des livres entiers sur les entraînements et les chutes de pauvres êtres sans résistance. Les baisers illégaux acquièrent sous leur plume une gravité de crime ; et les femmes payent pour tous : pour le mariage indissoluble, chose horrible ; pour la loi, injuste à leur égard ; pour le préjugé féroce qui les condamne, pour l’opinion monstrueuse qui permet tout à leurs maris et leur défend tout.

Qu’on n’aille pas croire que je veux absoudre l’adultère. Je ne veux que prêcher l’indulgence dans la situation si difficile que crée le mariage.