Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/128

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Il lui fallait un homme du monde, du meilleur monde, qui consolidât sa réputation tout en fournissant aux besoins quotidiens. Un viveur, même très riche, l’eût compromise à tout jamais et rendu problématique le mariage de sa fille. Elle ne pouvait non plus songer aux agences galantes, aux intermédiaires déshonorants qui auraient pu, pour quelque temps, la tirer d’embarras.

Or elle devait soutenir son train de maison, continuer à recevoir à portes ouvertes pour ne point perdre l’espérance de trouver, dans le nombre des visiteurs, l’ami discret et distingué qu’elle attendait, qu’elle choisirait.

Moi je lui fis observer que mes trente mille francs avaient peu de chance de me revenir ; car, lorsqu’elle les aurait mangés, il faudrait qu’elle en obtînt, d’un seul coup, au moins soixante mille pour m’en rendre la moitié.

Elle semblait désolée en m’écoutant. Et je ne savais qu’inventer quand une idée, une idée vraiment géniale, me traversa l’esprit.