Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/290

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Mon cœur battait, monsieur, à ce que je ne pouvais plus parler. Je me disais : « Ils me tiennent. » Et j’avais une envie de courir qui me frétillait dans les jambes. Mais ils m’auraient rattrapée tout de suite, vous comprenez.

Le vieux recommença : — Nous allons faire route ensemble jusqu’à Barantin, mamzelle, vu que nous suivons le même itinéraire.

— Avec satisfaction, monsieur.

Et nous v’là causant. Je me faisais plaisante autant que je pouvais, n’est-ce pas ; si bien qu’ils ont cru des choses qui n’étaient point. Or, comme je passais dans un bois, le vieux dit : — Voulez-vous, mamzelle, que j’allions faire un repos sur la mousse ?

Moi, je répondis sans y penser : — À votre désir, monsieur.

Puis il descend et il donne son cheval à l’autre, et nous v’là partis dans le bois tous deux.

Il n’y avait plus à dire non. Qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ? Il en prit ce qu’il a voulu ; puis il me dit : « Faut pas oublier le camarade. »