Page:Maupassant - Les Cadeaux, paru dans Le Gaulois, 7 janvier 1881.djvu/4

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Or, la bonbonnière achetée chez le bonbonnier indique la simple politesse, quelle que soit d’ailleurs la valeur de l’objet. Cela veut dire : « J’ai dîné souvent chez vous, je vous dois un cadeau sérieux ; tout le monde sait que cette boîte à la mode, achetée chez le confiseur en vogue, coûte vingt-cinq louis ; voilà. C’est un devoir que j’accomplis, nous sommes quittes. »

La coupe de Chine, pleine de marrons ; la porcelaine japonaise, pleine de billes de chocolat ; la boîte en laque, pleine de fondants, expriment une intention plus raffinée. Elles disent : « j’ai voulu vous être agréable ; j’ai cherché ce que je pourrais vous offrir ; j’ai couru les magasins ; je me suis, enfin, donné du mal. » Ce sont des présents un peu communs toutefois ; et les seules porcelaines où les doigts mignons doivent puiser les douces sucreries sont celles qui portent les marques anciennes des deux L ou des deux épées : Sèvres ou Saxe, ces sanctuaires du goût exquis.