Page:Maupassant - Les Mœurs du jour, paru dans Le Gaulois, 9 mars 1881.djvu/4

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Cherchons donc la cause de cette crise.

Serait-ce vraiment de l’amour ? — Non. — Alors quoi ?…

N’ayant jamais eu de maîtresse qui se soit poignardée pour moi ou qui m’ait fait l’honneur de me laver la figure avec un caustique énergique, je n’aurai pas la naïveté de croire à la sincérité des filles.

On ne saurait s’imaginer, en effet, combien on adore éperdument, tout de suite, une femme qui a failli se tuer pour vous, et quels sacrifices on ferait pour elle, et quelle générosité éveille en nos cœurs cette idée qu’on est aimé jusqu’à la mort.

Elles le savent et elles en usent.

Mais qui donc a pu les réduire à employer sans cesse ces moyens extrêmes, à jeter ainsi leur va-tout, à jouer le drame en permanence.

Pardon mesdames, il est des termes d’argot qui montent tout d’un coup à la surface de la langue. On les chuchotait tout bas hier, aujourd’hui on les prononce tout haut ; des journaux les impriment ; ils ont droit de cité sur le boulevard.