Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/117

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ne le verrai plus, je le sais, il ne se montrera plus, c’est fini cela. Mais il y est tout de même, dans ma pensée. Il demeure invisible, cela m’empêche qu’il y soit. Il est derrière les portes, dans l’armoire fermée, sous le lit, dans tous les coins obscurs, dans toutes les ombres. Si je tourne la porte, si j’ouvre l’armoire, si je baisse ma lumière sous le lit, si j’éclaire les coins, les ombres, il n’y est plus ; mais alors je le sens derrière moi. Je me retourne, certain, cependant, que je ne le verrai pas, que je ne le verrai plus. Il n’en est pas moins derrière moi, encore.

C’est stupide, mais c’est atroce. Que veux-tu ? Je n’y peux rien.

Mais si nous étions deux chez moi, je sens, oui, je sens assurément qu’il n’y serait plus ! Car il est là parce que je suis seul, uniquement parce que je suis seul !