Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/22

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Mais Paul ne voyait rien, ne regardait rien, ne sentait rien. La voyageuse avait pris toute son attention.

À Cannes, ayant encore à me parler, il me fit signe de descendre de nouveau.

À peine sortis du wagon, il me prit le bras.

— « Tu sais qu’elle est ravissante. Regarde ses yeux. Et ses cheveux, mon cher, je n’en ai jamais vu de pareils ! »

Je lui dis : « Allons, calme-toi ; ou bien, attaque si tu as des intentions. Elle ne m’a pas l’air imprenable, bien qu’elle paraisse un peu grognon. »

Il reprit : « Est-ce que tu ne pourrais pas lui parler, toi ? Moi, je ne trouve rien. Je suis d’une timidité stupide au début. Je n’ai jamais su aborder une femme dans la rue. Je les suis, je tourne autour, je m’approche, et jamais je ne découvre la phrase nécessaire. Une seule fois j’ai fait une tentative de conversation. Comme je voyais de la façon la plus évidente qu’on attendait mes ouvertures, et comme il fallait absolument dire quelque chose, je balbutiai : « Vous allez bien, madame ? » Elle me rit au nez, et je me suis sauvé. »

Je promis à Paul d’employer toute mon adresse