Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/229

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le fumiste, avant deux jours, pour examiner attentivement les travaux à exécuter.

Dès qu’elle fut entrée, je lui déclarai : « Je n’ai pas de feu, parce que ma cheminée fume. » Elle n’eut pas l’air de m’écouter, elle balbutia : « Ça ne fait rien, j’en ai… » Et comme je demeurais surpris, elle s’arrêta toute confuse ; puis reprit : « Je ne sais plus ce que je dis… je suis folle… je perds la tête… Qu’est-ce que je fais, Seigneur ! Pourquoi suis-je venue, malheureuse ! Oh ! quelle honte ! quelle honte !… » Et elle s’abattit en sanglotant dans mes bras.

Je crus à ses remords et je lui jurai que je la respecterais. Alors elle s’écroula à mes genoux en gémissant : « Mais tu ne vois donc pas que je t’aime, que tu m’as vaincue, affolée ! »

Aussitôt je crus opportun de commencer les approches. Mais elle tressaillit, se releva, s’enfuit jusque dans une armoire pour se cacher, en criant : « Oh ! ne me regardez pas, non, non. Ce jour me fait honte. Au moins si tu ne me voyais pas, si nous étions dans l’ombre, la nuit, tous les deux. Y songes-tu ? Quel rêve ! Oh ! ce jour ! »

Je me précipitai sur la fenêtre, je fermai les con-