Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/46

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Et je me mis à méditer sur l’imprudence et la faiblesse humaines. Puis je m’assoupis enfin.


Elle s’habilla de bonne heure ; en femme habituée aux travaux du matin. Le mouvement qu’elle fit en se levant m’éveilla ; et je la guettai entre mes paupières demi-closes.

Elle allait, venait, sans se presser, comme étonnée de n’avoir rien à faire. Puis elle se décida à se rapprocher de la table de toilette et elle vida, en une minute, tout ce qui restait de parfums dans mes flacons. Elle usa aussi de l’eau, il est vrai, mais peu.

Puis quand elle se fut complètement vêtue, elle se rassit sur sa malle, et, un genou dans ses mains, elle demeura songeuse.

Je fis alors semblant de l’apercevoir et je dis : « Bonjour, Francesca. »

Elle grommela, sans paraître plus gracieuse que la veille : « Bonjour. »

Je demandai : « Avez-vous bien dormi ? »

Elle fit oui de la tête, sans répondre ; et sautant à terre, je m’avançai pour l’embrasser.

Elle me tendit son visage d’un mouvement ennuyé d’enfant qu’on caresse malgré lui. Je la pris alors ten-