Page:Maupassant - Mademoiselle Fifi.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à l’atelier. Sorieul, le dos à terre, les jambes sur une chaise, parlait bataille, discourait sur les uniformes de l’Empire, et soudain se levant, il prit dans sa grande armoire aux accessoires une tenue complète de hussard, et s’en revêtit. Après quoi il contraignit Le Poittevin à se costumer en grenadier. Et comme celui-ci résistait, nous l’empoignâmes, et, après l’avoir déshabillé, nous l’introduisîmes dans un uniforme immense où il fut englouti.

Je me déguisai moi-même en cuirassier. Et Sorieul nous fît exécuter un mouvement compliqué. Puis il s’écria : « Puisque nous sommes ce soir des soudards, buvons comme des soudards. »

Un punch fut allumé, avalé, puis une seconde fois la flamme s’éleva sur le bol rempli de rhum. Et nous chantions à pleine gueule des chansons anciennes, des chansons que braillaient jadis les vieux troupiers de la grande armée.