Page:Maupassant - Malades et médecins, paru dans Le Gaulois, 11 mai 1884.djvu/13

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goisse, M. D… demanda :

— Mais… mais… mais de quoi est-il mort, alors ?

— D’une pleurésie.

Ce fut une joie, une vraie joie. Le petit vieux tapa l’une contre l’autre ses mains sèches : « Parbleu, je vous disais bien qu’il avait fait quelque imprudence. On n’attrape pas une pleurésie sans raison. Il aura voulu prendre l’air après son dîner : et le froid lui sera tombé sur la poitrine. Une pleurésie ! C’est un accident, cela ; ce n’est pas même une maladie ! Il n’y a que les fous qui meurent d’une pleurésie ! »

Et il dîna gaiement en parlant de ceux qui restaient : « Ils ne sont plus que quinze maintenant, mais ils sont forts ceux-là, n’est-ce pas ? Toute la vie est ainsi ; les plus faibles tombent les premiers, les gens qui passent trente ans ont bien des chances pour aller à soixante ; ceux qui passent soixante arrivent souvent à quatre-vingts ; et ceux qui passent quatre-vingts atteignent presque toujours la centaine, parce que ce sont les plus robustes,