Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/196

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mouches bourdonnent sous le plafond blanc. On entend, par la porte ouverte, chanter les coqs.

Sur une sorte d’estrade s’étend une longue table couverte d’un tapis vert. Un vieux homme ridé écrit, assis à l’extrémité gauche. Un gendarme, raide sur sa chaise, regarde en l’air à l’extrémité droite. Et sur la muraille nue, un grand Christ de bois, tordu dans une pose douloureuse, semble offrir encore sa souffrance éternelle pour la cause de ces brutes aux senteurs de bêtes.

M. le juge de paix entre enfin. Il est ventru, coloré, et il secoue, dans son pas rapide de gros homme pressé, sa grande robe noire de magistrat ; il s’assied, pose sa toque sur la table et regarde l’assistance avec un air de profond mépris.

C’est un lettré de province et un bel esprit d’arrondissement, un de ceux qui traduisent Horace, goûtent les petits vers de Voltaire et savent par cœur Vert-Vert ainsi que les poésies grivoises de Parny.