Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

couchait sous la grange, dans l’étable ou dans l’écurie, sur la paille ou sur le fumier, quelque part, n’importe où, car on ne donne pas un lit à ces va-nu-pieds. Elle couchait donc n’importe où, avec n’importe qui, peut-être avec le charretier ou le goujat. Mais il arriva que, bientôt, elle s’adonna avec le sourd et s’accoupla avec lui d’une façon continue. Comment s’unirent ces deux misères ? Comment se comprirent-elles ? Avait-il jamais connu une femme avant cette rôdeuse de granges, lui qui n’avait jamais causé avec personne ? Est-ce elle qui le fut trouver dans sa hutte roulante, et qui le séduisit, Ève d’ornière, au bord d’un chemin ? On ne sait pas. On sut seulement, un jour, qu’ils vivaient ensemble comme mari et femme.

Personne ne s’en étonna. Et Picot trouva même cet accouplement naturel.

Mais voilà que le curé apprit cette union sans messe et se fâcha. Il fit des reproches à madame Picot, inquiéta sa conscience, la menaça de châtiments mystérieux. Que faire ?