Page:Maupassant - Monsieur Parent.djvu/317

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Ils apercevaient bientôt la servante, seul être humain marchant à travers la campagne, et ils se sentaient réjouis par les reflets brillants que jetait le seau de fer-blanc sous la flamme du soleil. Jamais ils ne parlaient d’elle. Ils étaient seulement contents de la voir, sans comprendre pourquoi.

C’était une grande fille vigoureuse, rousse et brûlée par l’ardeur des jours clairs, une grande fille hardie de la campagne parisienne.

Une fois, en les revoyant assis à la même place, elle leur dit :

— Bonjour… vous v’nez donc toujours ici ?

Luc Le Ganidec, plus osant, balbutia :

— Oui, nous v’nons au repos.

Ce fut tout. Mais le dimanche suivant, elle rit en les apercevant, elle rit avec une bienveillance protectrice de femme dégourdie qui sentait leur timidité, et elle demanda :

— Qué qu’ vous faites comme ça ? C’est-il qu’ vous r’gardez pousser l’herbe ?

Luc égayé sourit aussi : P’téte ben.

Elle reprit : Hein ! Ça va pas vite.