Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/174

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— Je demande la parole. Vous voici tous les deux sans médecins, n’est-ce pas ? Eh bien je propose mon candidat, le docteur Honorat, le seul qui ait sur l’eau d’Enval une opinion précise et inébranlable. Il en fait boire, mais n’en boirait pour rien au monde. Voulez-vous que j’aille le chercher ? Je me charge des négociations.

C’était le seul parti à prendre et on pria Gontran de le faire venir immédiatement. Le marquis, saisi d’inquiétude à l’idée d’un changement de régime et de soins, voulait savoir tout de suite l’avis de ce nouveau médecin ; et Andermatt désira non moins vivement le consulter pour Christiane.

À travers la porte, elle les entendait sans les écouter et sans comprendre de quoi ils parlaient. Dès que son mari l’avait quittée, elle s’était sauvée de son lit comme d’un endroit redoutable et elle s’habillait en hâte, sans femme de chambre, la tête secouée par tous ces événements.

Le monde lui paraissait changé autour d’elle, la vie autre que la veille, les gens eux-mêmes tout différents.

La voix d’Andermatt s’éleva de nouveau :

— Tiens, mon cher Brétigny, comment allez-vous ?

Il ne disait déjà plus « Monsieur ».