Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/206

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qu’allaient pu, à ch’t’heure, v’là que j’ perds les bras, par chuite de la cure. Et mes jambo, ch’est du fer, mais du fer qu’on couperio plutôt que d’ le plier.

Andermatt, désolé, avait essayé de le faire emprisonner, en le poursuivant judiciairement pour préjudice causé aux eaux du Mont-Oriol, et tentative de chantage. Mais il n’avait pu réussir à obtenir une condamnation ni à lui fermer la bouche.

Aussitôt informé que le vieux jasait devant la porte de l’établissement, il s’élança pour le faire taire.

Au bord de la grande route, au milieu d’un attroupement il entendit des voix furieuses. On se pressait pour écouter et pour voir. Des dames demandaient : « Qu’est-ce que c’est ? » Des hommes répondaient : « C’est un malade que les eaux d’ici ont achevé. » D’autres croyaient qu’on venait d’écraser un enfant. On parlait aussi d’une attaque d’épilepsie dont aurait été frappée une pauvre femme.

Andermatt fendit la foule, comme il savait faire, en roulant violemment son petit ventre rond entre les ventres. « Il prouve, disait Gontran, la supériorité des billes sur les pointes. »

Le père Clovis, assis sur le fossé, geignait ses peines, contait ses souffrances en pleurnichant, tandis que, debout devant lui et le séparant du public, les deux Oriol exaspérés l’injuriaient et le menaçaient à pleine gorge.

— Cha n’est pas vrai, criait Colosse, ch’est un men-