Page:Maupassant - Opinion publique, paru dans Le Gaulois, 21 mars 1881.djvu/3

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Piston ; les journaux sont toujours pleins de détails sur la Russie et sur l’assassinat du Tzar.

Le commis d’ordre, M. Perdrix, releva la tête, et il articula d’un ton convaincu :

— Je souhaite bien du plaisir à son successeur, mais je ne troquerais pas ma place contre la sienne.

M. Rade se mit à rire :

— Lui non plus ! dit-il.

Le père Grappe prit la parole, et demanda d’un ton lamentable :

— Comment tout ça finira-t-il ?

M. Rade l’interrompit :

— Mais ça ne finira jamais, papa Grappe. C’est nous seuls qui finissons. Depuis qu’il y a des rois, il y a eu des régicides.

Alors M. Bonnenfant s’interposa :

— Expliquez-moi donc, monsieur Rade, pourquoi on s’attaque toujours aux bons plutôt qu’aux mauvais. Henri IV, le Grand, fut assassiné ; Louis XV mourut dans son lit. Notre roi Louis-Philippe fut toute sa vie la cible des meurtriers, et on prétend que le tzar Alexandre était un homme bienveillant. N’est-ce pas lui, d’ailleurs,