Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/117

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Elle ouvrit tout grands ses yeux bleus et cupides :

— Oh ! et qui est-ce qui lui a laissé cela, sa grand’mère ou bien sa tante ?

— Non, un vieil ami de mes parents.

— Rien qu’un ami ? Pas possible ! Et il ne t’a rien laissé, à toi ?

— Non. Moi je le connaissais très peu.

Elle réfléchit quelques instants, puis, avec un sourire drôle sur les lèvres :

— Eh bien ! il a de la chance ton frère d’avoir des amis de cette espèce-là ! Vrai, ça n’est pas étonnant qu’il te ressemble si peu !

Il eut envie de la gifler sans savoir au juste pourquoi, et il demanda, la bouche crispée :

— Qu’est-ce que tu entends par là ?

Elle avait pris un air bête et naïf :

— Moi, rien. Je veux dire qu’il a plus de chance que toi.

Il jeta vingt sous sur la table et sortit.

Maintenant il se répétait cette phrase : « Ça n’est pas étonnant qu’il te ressemble si peu. »

Qu’avait-elle pensé, qu’avait-elle sous-en-