Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/136

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çons pareils, sans l’ombre d’un motif, sur toutes les honnêtes femmes ? Ne les entend-on pas, chaque fois qu’elles parlent, injurier, calomnier, diffamer toutes celles qu’elles devinent irréprochables ? Chaque fois qu’on cite devant elles une personne inattaquable, elles se fâchent, comme si on les outrageait, et s’écrient : « Ah ! tu sais, je les connais tes femmes mariées, c’est du propre ! Elles ont plus d’amants que nous, seulement elles les cachent parce qu’elles sont hypocrites. Ah ! oui, c’est du propre ! »

En toute autre occasion il n’aurait certes pas compris, pas même supposé possibles des insinuations de cette nature sur sa pauvre mère, si bonne, si simple, si digne. Mais il avait l’âme troublée par ce levain de jalousie qui fermentait en lui. Son esprit surexcité, à l’affût pour ainsi dire, et malgré lui, de tout ce qui pouvait nuire à son frère, avait même peut-être prêté à cette vendeuse de bocks des intentions odieuses qu’elle n’avait pas eues. Il se pouvait que son imagination seule, cette ima-