Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/180

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marche, de déduction en déduction, conclut ceci :

Le portrait, portrait d’ami, portrait d’amant, était resté dans le salon bien en vue, jusqu’au jour où la femme, où la mère s’était aperçue, la première, avant tout le monde, que ce portrait ressemblait à son fils. Sans doute, depuis longtemps, elle épiait cette ressemblance ; puis, l’ayant découverte, l’ayant vue naître et comprenant que chacun pourrait, un jour ou l’autre, l’apercevoir aussi, elle avait enlevé, un soir, la petite peinture redoutable et l’avait cachée, n’osant pas la détruire.

Et Pierre se rappelait fort bien maintenant que cette miniature avait disparu longtemps, longtemps avant leur départ de Paris ! Elle avait disparu, croyait-il, quand la barbe de Jean, se mettant à pousser, l’avait rendu tout à coup pareil au jeune homme blond qui souriait dans le cadre.

Le mouvement du bateau qui partait troubla sa pensée et la dispersa ! Alors, s’étant levé, il regarda la mer.