Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/250

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qui se mouillaient à ses larmes, et il disait toujours :

— Maman, ma chère maman, je sais bien que ça n’est pas vrai. Ne pleure pas, je le sais ! Ça n’est pas vrai !

Elle se souleva, s’assit, le regarda, et avec un de ces efforts de courage qu’il faut, en certains cas, pour se tuer, elle lui dit :

— Non, c’est vrai, mon enfant.

Et ils restèrent sans paroles, l’un devant l’autre. Pendant quelques instants encore elle suffoqua, tendant la gorge, en renversant la tête pour respirer, puis elle se vainquit de nouveau et reprit :

— C’est vrai, mon enfant. Pourquoi mentir ? C’est vrai. Tu ne me croirais pas, si je mentais.

Elle avait l’air d’une folle. Saisi de terreur, il tomba à genoux près du lit en murmurant :

— Tais-toi, maman, tais-toi.

Elle s’était levée, avec une résolution et une énergie effrayantes.

— Mais je n’ai plus rien à te dire, mon enfant, adieu.