Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/253

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Je ne sais pas où, ni comment je m’y prendrai, ni ce que je dirai, mais il le faut. Je n’oserais plus te regarder, ni t’embrasser, comprends-tu ?

Alors, à son tour, il lui dit, tout bas, dans l’oreille :

— Ma petite mère, tu resteras, parce que je le veux, parce que j’ai besoin de toi. Et tu vas me jurer de m’obéir, tout de suite.

— Non, mon enfant.

— Oh ! maman, il le faut, tu entends. Il le faut.

— Non, mon enfant, c’est impossible. Ce serait nous condamner tous à l’enfer. Je sais ce que c’est, moi, que ce supplice-là, depuis un mois. Tu es attendri, mais quand ce sera passé, quand tu me regarderas comme me regarde Pierre, quand tu te rappelleras ce que je t’ai dit !… Oh !… mon petit Jean, songe… songe que je suis ta mère !…

— Je ne veux pas que tu me quittes, maman. Je n’ai que toi.

— Mais pense, mon fils, que nous ne pour-