Page:Maupassant - Propriétaires et Lilas, paru dans Le Gaulois, 29 avril 1881.djvu/9

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On demandera pourquoi tous ces gens éprouvent ainsi un irrésistible désir d’habiter ces boîtes à sudation qu’on appelle prétentieusement maison de campagne. Que voulez-vous ? c’est encore un des effets de cet incessant besoin de poésie qui nous tourmente. Quoi que nous fassions, quoi que nous prétendions, nous sommes harcelés par des aspirations confuses, des espèces de soulèvements de l’âme, par une tendance continue vers des choses ignorées, éthérées, supérieures. Nous cherchons sans cesse à réaliser ces espérances, idéales ; et la campagne, chose poétique, est un des moyens à la portée de tous. Elle est trompeuse comme le reste, comme toutes les poésies. Qu’importe ! le propriétaire a pour sa maison des yeux d’amant ; il ne la voit jamais dans sa réalité laide.