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musotte.

jean.

Certainement.

musotte.

Merci, ah ! merci ! Vois-tu, j’ai bien hésité à te faire prévenir, bien hésité jusqu’à ce matin ; mais j’ai entendu la sage-femme causer avec la nourrice, j’ai compris que demain peut-être il serait trop tard et j’ai fait venir le docteur Pellerin pour savoir d’abord, pour t’appeler ensuite.

jean.

Comment ne m’as-tu pas fait appeler plus tôt ?

musotte.

Je ne pensais point que cela deviendrait si grave.
Je n’ai pas voulu troubler ta vie.

jean, montrant le berceau.

Mais cet enfant… Comment ne l’ai-je pas su ?

musotte.

Tu ne l’aurais jamais su s’il ne m’avait pas tuée. Je t’aurais épargné cette peine, cette gêne dans ton existence. Tu m’avais donné, en me quittant, ce qu’il fallait pour vivre. C’était fini entre nous. Et puis, m’aurais-tu crue en un autre moment que celui-ci, si je t’avais dit : « C’est ton fils ! »

jean.

Oui, je n’ai jamais douté de toi.