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musotte

musotte.

Tu es bon comme toujours, mon Jean. Non, je ne te mens pas, va ! Il est à toi, le petit, je te le jure à mon lit de mort, je te le jure devant Dieu !

jean.

Je t’ai dit que je te crois, que je t’aurais toujours crue…

musotte.

Écoute. Voilà comment ça s’est passé. Sitôt après que tu m’as quittée, j’ai été malade… bien malade… J’ai pensé mourir, tant j’ai souffert. On m’a ordonné un changement d’air. Tu te souviens… C’était l’été… Je me suis rendue à Saint-Malo ; tu sais, chez cette vieille parente dont je t’ai souvent parlé…

jean.

Oui… Oui…

musotte.

C’est là, après quelque temps, que je me suis aperçue… Un enfant de toi ! Mon premier mouvement a été de tout t’apprendre. Tu es un honnête homme… Tu aurais reconnu l’enfant… peut-être même aurais-tu renoncé à ton mariage… Ça, je ne l’ai pas voulu ! C’était fini, n’est-ce pas ? ça devait rester fini… Je savais bien que je ne pourrais être ta femme. (Riant.) Mme Martinel, moi, Musotte ! Vois-tu ça ?

jean.

Ah ! ma pauvre amie ! Comme nous sommes bru-