Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/154

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Cette femme à laquelle je ne pensais point, dont l’existence m’était indifférente, sa mort me fait peur. Il me semble qu’elle vient de se dresser entre Jean et moi, et qu’elle y restera toujours. Tout ce que l’on m’a dit d’elle m’a fait mal étrangement. Vous l’avez aussi connue, cette femme, vous, monsieur ?


MARTINEL, levé également.

Oui, madame, et je n’en peux dire que du bien. Votre frère et moi nous l’avons toujours considérée comme irréprochable vis-à-vis de Jean. Elle l’aima d’un amour vrai, dévoué, fidèle, absolu. J’en parle en homme qui a déploré profondément cette liaison, car je me considérais comme un père ; mais il faut être juste pour tout le monde.


GILBERTE.

Est-ce que Jean l’aima beaucoup aussi ?


MARTINEL.

Oui, certainement. Mais son amour s’affaiblit. Il y avait entre eux trop de distance morale et sociale. Il lui demeurait cependant attaché par reconnaissance de la profonde tendresse qu’elle lui avait donnée.


GILBERTE, grave.

Et Jean vient de la voir mourir ?


MARTINEL.

Il eut le temps de lui dire adieu.