Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/156

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GILBERTE.

Oh ! non, le pauvre petit.


PETITPRÉ.

Encore des folies de femmes qui ne comprennent rien de l’existence.


LÉON.

Eh ! papa, pourquoi avons-nous tant de morales diverses, suivant que nous sommes spectateurs ou acteurs des événements ? Pourquoi tant de différence entre la vie d’imagination et la vie réelle ; entre ce qu’on devrait faire, ce qu’on voudrait que les autres fissent, et ce qu’on fait soi-même ?... Oui ! ce qui nous arrive est très pénible ; mais la surprise de cet événement, sa coïncidence avec le jour du mariage, nous le rendent plus pénible encore. Nous grossissons tout de notre émotion, parce que c’est chez nous que ça se passe. Supposez un instant que vous ayez lu ça dans votre journal...


MADAME DE RONCHARD, assise à gauche de la table, avec indignation.

Est-ce que mon journal ?...


LÉON.

... ou dans un roman ! Que d’émotions ! Que de larmes, mon Dieu ! Comme votre sympathie irait vite à ce pauvre enfant dont la naissance a coûté la vie à sa mère !... Comme vous estimeriez Jean, franc, loyal, et bon sans défaillance ! Tandis que s’il avait... lâché