Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/163

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MADAME DE RONCHARD.

C’est seulement l’avenir de Gilberte qui nous occupe.


JEAN, à Mme de Ronchard.

J’en appelle simplement à votre cœur, madame, à votre cœur qui a souffert. N’oubliez pas que votre irritation et votre amertume contre moi viennent du mal qu’un autre vous a fait. Votre vie a été brisée par lui, ne m’en veuillez pas à moi. Vous avez été malheureuse, mariée à peine un an... (Montrant Gilberte.) Voulez-vous qu’elle soit mariée à peine un jour et que plus tard elle parle de sa vie brisée, gardant sans cesse le souvenir du désastre de ce soir ? (Sur un mouvement de Mme de Ronchard.) Je vous sais bonne, quoique vous vous défendiez de l’être, et je vous promets, madame, que si je reste le mari de Gilberte, je vous aimerai comme un fils, comme celui que vous étiez digne d’avoir.


MADAME DE RONCHARD, très émue, en elle-même.

Un fils !... Il m’a tout émue !... (A mi-voix à Petitpré.) Allons, Adolphe, laissons-les seuls, puisqu’il le demande. (Elle embrasse Gilberte.)


PETITPRÉ, à Jean.

Eh bien ! soit, monsieur ! (Il remonte et sort par le fond en donnant le bras à sa sœur.)


MARTINEL, à Léon.

Ils vont se parler avec ça... (Il se frappe le cœur.) C’est la vraie éloquence.


(Il sort par le fond avec Léon.)